Dans un post précédent, je présentais l’impression 3D, les rep-raps, quel matériau imprimer … Maintenant, passons à l’assemblage d’un kit Smartfriendz XL300.
Montage de la XL300
Ouverture du colis
Tout excité, j’ai récupéré mon colis une semaine après son envoi via Mondial Relay. J’avais remarqué un petit accroc, mais je me suis dit que ce n’était rien de grave.

Tous les éléments sont emballés, tout est calé avec du papier.

On trouve donc :
- un lot de profilés alu déjà percés
- un plaque de fond en contreplaqué
- le plateau chauffant
- les outils (un torx et deux clés allen)
- les 4 moteurs (deux Z, un droit et un gauche avec un end stop)
- le bloc buse + ventilateur + moteur d’extrusion + capteur inductif + endstop latéral
- la carte Arduino Mega + la carte ramps le tout monté dans un boitier ventilé
- l’écran LCD avec deux nappes (un peu courtes)
- les 4 courroies (2 longues pour X et Y, et deux courtes pour les Z)
- des éléments imprimés pour assembler l’imprimante
- des éléments imprimés avec des roulements, des poulies, etc.
- les câbles USB et d’alimentation
- une alimentation 12 V / 20 A
- les câblages des moteurs (5 faisceaux)
- les câbles des endstops (2 faisceaux)
- un tube de guidage du fil à imprimer
- un passe câbles
- le logo smartfriendz + XL300
Pour moi il manquait les tiges en acier et quelques autres composants. Il y a également eu de la casse au transport, et hélas ce sont des pièces indispensables que ne peux pas encore imprimer ! Le contreplaqué était cassé sur un angle également, mais ce n’est pas bien grave. D’autres « friendz » qui ont passé commande de cette XL300 ont également eu la mauvaise surprise d’avoir des kits incomplets.
J’ai contacté Serge de Smartfriendz, j’ai eu une réponse dans la journée et la proposition d’un envoi des pièces manquantes ou cassées par colis. Le support est donc très réactif, c’est un bon point. J’ai finalement décidé d’aller à sa rencontre.
Points négatifs : hormis le fait de recevoir un kit incomplet, pas d’échantillon de fil à imprimer ni de goodies. Dommage, un petit geste commercial aurait été appréciable après le retard de livraison. Juste avant de recevoir le colis, j’ai eu un mail de la part de Smartfriendz m’indiquant de ne pas brancher le plateau chauffant : son câblage en mode 12V demande trop de courant, il faudra faire quelques soudures pour le monter en mode 24V, reparamétrer le firmware, etc. Le problème, c’est que l’alimentation fournie est en 12 V …
Autre déconvenue, une carte MKS gen devait être fournie pour travailler en 24V et avoir de ce fait une vitesse de chauffe du plateau assez rapide. Finalement, tout fonctionne en 12V avec Arduino Mega + RAMPS.
Montage
On aurait pu se dire qu’avec un mois en plus pour la préparer, la documentation de montage disponible sur internet était aux petits oignons. Et bien non, il manque des indications (dimensions d’ajustement non indiquées par exemple) une partie de la documentation est un copier-coller de la Smartrap Core Alu, donc non adapté. Heureusement, trois jours après, une nouvelle version de la documentation a été diffusée avec quelques améliorations. Le câblage n’est pas toujours évident, et une petite visite sur le site de reprap s’impose pour avoir un peu d’aide.
Alors certes, l’assemblage reste facile, mais les gens peu bricoleurs comme moi se posent vite des questions. Pour avoir de de l’aide sur la partie mécanique, il est possible d’avoir le modèle 3D de l’imprimante sur Onshape, et ça c’est vraiment bien.
Je me rends compte que l' »esprit Smartfriendz », c’est avant tout d’être bricoleur et débrouillard et que c’est pas du plug-and-play. Dans tous les cas, vous ne serez pas seuls : le forum est assez réactif, et il reste possible d’appeler le support par téléphone ou par Skype.
Mais je savais que l’aventure ne serait pas si simple. Ça rendra la première impression 3D réussie encore plus magique !
Montage de la structure
Le montage de la structure en cube est simple et très bien pensé, le résultat est vraiment très rigide. C’est facilement démontable. Petite astuce : une fois que le cube est monté, ne pas hésiter à desserrer les vis puis les resserrer. Les profilés qui auraient été montés un peu de travers vont s’ajuster.


Montage du plateau chauffant
Le montage du plateau chauffant est facile. Le seul problème, c’est que dans la première version de la documentation, il n’est pas précisé s’il faut centrer le plateau sur les profilés ou bien s’il faut l’excentrer de quelques centimètres. On ne sait pas non plus comment l’orienter. Tout ceci a été corrigé dans la version suivante.
En ce qui concerne le serrage des vis du plateau, il ne faut pas trop serrer les deux vis centrales car sinon, le plateau va légèrement fléchir et la première couche imprimée sera irrégulière. L’astuce, c’est de poser un profilé alu sur le plateau, de mettre de la lumière en contre jour et de regarder l’épaisseur du jour. Si ce jour est uniforme, le plateau ne fléchit pas. Sinon, il faut ajuster le réglage des vis.

Visite chez Smartfriendz
Pour poursuivre le montage, j’ai eu le choix entre attendre de voir arriver les pièces manquantes par La Poste, ou bien de faire un peu de route pour rencontrer Serge. J’ai opté pour la seconde solution.
Après presque 2 heures de voiture par un samedi après-midi pluvieux mais dans les beaux paysages du Cantal, j’arrive à Maurs. Je sonne au n°10 de la rue de la Martinelle. Une dame m’ouvre et m’indique d’aller voir par le garage. Au bout du couloir, j’entraperçois Serge, en pleine conversation au téléphone. J’attends qu’il termine son coup de fil en regardant la ferme de 5 ou 6 d’imprimantes fonctionner. Elles tournent en continu pour produire les pièces de futures imprimantes. Il m’a gentiment accordé deux bonnes heures de son temps, mais il était difficile de poser des questions tant il parle de ses imprimantes, des astuces, des améliorations, de ses projets, plus ou moins secrets … Super rencontre avec un passionné qui fourmille d’idées mais qui est, et il l’avoue lui même, un peu tête en l’air ! Il promet de mettre en place un processus qualité pour livrer des kits complets, parce que les envois complémentaires ont un cout et nuisent à l’image de la marque.
Il me donne tout de suite les éléments manquants, me remplace les éléments cassés, me fait une mise à jour du firmware sur l’Arduino, deux soudures sur le plateau, etc.
Suite du montage
Après être rentré de cette excursion dans le Cantal, j’ai continué le montage. Mais dès l’étape suivante, il manquait encore 4 pièces, les 4 attaches du bas des axes Z. Impossible de bricoler quelque chose de temporaire pour sortir ces pièces lors d’une première impression. J’ai continué le montage autant que possible, et j’ai trouvé d’autres pièces manquantes. Assez frustrant.
Côté électronique, j’ai également voulu avancer le plus possible pour voir ce qui n’allait pas. Un connecteur d’alimentation manque également, merci à Thomas G. (qui a aussi commandé un XL300) d’avoir échangé avec moi pour m’en avertir.
J’ai donc fait un mail à Serge le dimanche soir et le lundi matin, le paquet avec les pièces était posté. Merci à lui pour sa rapidité.
Réglages
Une fois l’imprimante assemblée, tous les moteurs et capteurs câblés, les premiers tests peuvent avoir lieu. Cette étape est peut-être la plus importante car une erreur peut engendrer la destruction des composants.

Pour faire bouger les moteurs, on peut commencer avec PrintRun.
Assez surprenant au début, les mouvements sont saccadés, les moteurs font beaucoup de bruit … Après un peu de lecture, je comprends que ce n’est pas aussi simple que sur la notice : il faut régler les step sticks, ce sont les régulateurs qui alimentent les moteurs.
Les step-sticks doivent être réglés à l’aide du petit potentiomètre indiqué par les flèches. La meilleure méthode reste celle du contrôle de la tension délivrée à l’aide d’un multimètre. Mes step-sticks sont réglés sur 0,4 V environ. Il faut trouver le juste milieu pour ne pas avoir de moteurs trop bruyants ou qui chauffent trop. Si la tension est trop basse, ils vont brouter et sauter des pas si le couple résistant est trop fort. De même, si la tension est trop élevée, les step-sticks vont chauffer et se mettre en sécurité, ce qui va engendrer des micro-coupures et un saut de pas, un donc un décalage des couche en impression.
Premiers tests
Les premiers tests ont eu pour objet le réglage de la géométrie de l’imprimante. J’ai choisi une pièce de calibration qui consiste en un cadre carré de 10 cm par 10 cm. A la première impression, la pièce ressemblait à un parallélogramme, mais pas vraiment à un carré.
Le réglage d’orthogonalité se fait en jouant sur tension des courroies. J’ai du en tendre une assez fort pour rétablir la perpendicularité des axes.
J’ai pu ensuite passer à l’impression d’un objet plus sympa qu’un cadre !
Deux mois plus tard …
Deux mois plus tard, j’ai pu tester l’imprimante à fond, et connaître les première pannes ! La carte Arduino a lâché, plus précisément le module ATMega16U2. J’ai alors découvert qu’il ne s’agissait pas d’une carte originale, bien qu’il soit inscrit dessus « Made in Italy ». Il s’agit d’une copie chinoise … Serge de Smartfriendz me l’a remplacée gratuitement dans le cadre de la garantie, mais j’ai préféré la garder en secours et utiliser une Arduino Mega originale, deux fois plus chère mais plus sûre, d’autant que mon ordinateur est branché à l’autre bout …
Quelques jours plus tard, c’est l’alimentation qui a lâché, quelques minutes après le début d’une impression. Là aussi, j’ai tenté d’identifier la panne : le fusible était grillé. J’ai pu trouver un fusible équivalent dans un boutique d’électronique voisine et le ressouder. Je branche l’alimentation, à vide, et elle éclate immédiatement avec fusible grillé et odeur forte. Là aussi, j’ai demandé une prise en charge en garantie. En attendant le retour de garantie, j’ai commandé une alimentation équivalente (12V 30A) sur Amazon pour une trentaine d’euros. Ces alimentations sont de très mauvaise qualité mais elles sont peu chères. Soit on tombe sur la bonne et ça tient un certain temps, soit sur une qui lâchera après quelques heures. Autre inconvénient, ces alimentations ont un mauvais rendement , c’est pourquoi certains préfèrent utiliser un alimentation ATX de PC, bien plus chères, mais avec un meilleur rendement.
La qualité d’impression n’est pas (encore) tout à fait au rendez-vous. Les pièces en surplomb bavent pas mal (effondrement).

La solution serait de refroidir la pièce en cours d’impression avec un petit flux d’air. Le problème, c’est que l’imprimante n’a pas été conçue pour ça, il n’y a pas la place pour intégrer cette modification. Mais certains se creusent déjà la tête et il est certain qu’une mise à jour arrivera et que l’ensemble de la tête d’impression sera modifiée pour résoudre le problème. Il n’y aura qu’à télécharger la mise à jour et imprimer les nouvelles pièces.
Pour les pièces plus simples, ça reste très satisfaisant, notamment pour ce projet d’impression de montagnes.
Conclusion
Cette expérience aura été un peu contrariante : le colis incomplet, les pièces cassées, la documentation un peu approximative, les composants qui lâchent …
Je recommanderais les imprimantes de Smartfriendz pour les gens bricoleurs, patients et pas pressés d’imprimer leur première pièce. L’imprimante est vraiment très bien pensée, tout s’assemble bien. Le système de profilés en aluminium avec les éléments qui se fixent dessus avec des vis marteaux est de très grande qualité.
Pour ceux qui veulent du « plug-and-play », passez votre chemin. Smartfriendz n’a pas encore l’envergure de Dagoma pour prendre un exemple français, et ne souhaite pas forcément le devenir. La philosophie des deux constructeurs est vraiment différente. Là où Dagoma communique, fait du marketing, propose des kits standardisés (mais complets !), Smartfriendz reste dans l’artisanal, propose des kits en perpétuelle évolution, avec un prix plancher. Il sera très difficile de trouver une imprimante 30x30x30 en kit à un tarif inférieur à 600€.
Du point de vue évolutions, il serait possible de monter une double buse à peu de frais sur une SmartrapCore, mais pas forcément sur une imprimante de la concurrence. Avec Smartfriendz, vous pouvez entrer directement en contact avec les concepteurs, ce qui n’est pas forcément vrai avec les grands fabricants.
Pour proposer un prix si bas (j’ai eu la mienne pour 450€) il faut forcément avoir recours à des composants peu chers, et donc parfois bas de gamme. Je n’avais pas bien conscience de ceci, mais je m’en suis vite rendu compte en retrouvant tous les composants sur des sites comme eBay ou Alibaba, en provenance directe de Chine. J’ai peu de doutes sur le fait que la concurrence choisisse également des composants du même type …
Pour finir, je dirai que je ne regrette pas mon achat dans le cadre d’une utilisation « amateur » et ponctuelle. J’ai encore des progrès à faire sur les réglages. Cependant, le monde de l’impression 3D avance vite, et une Prusa I3 MK2 originale (sortie en mai 2016) à 739€ TTC vient sérieusement concurrencer la XL300.
Les plus
- le principe du système core XY
- la simplicité de montage (outils fournis)
- le volume d’impression important
- l’équipe et le SAV réactifs
- le forum d’entraide, déjà très documenté
- le prix (surtout lors du lancement)
- système open source (pièces sur Thingiverse et Onshape)
- composants standards
- possibilité de travailler avec Octoprint ou équivalent avec une carte Raspberry PI
Les moins
- des kits incomplets à la livraison (en cours d’amélioration)
- le délai de livraison (un mois de retard sur les précommandes)
- certains composants bas de gamme, voire dangereux (une alimentation défectueuse, c’est assez grave …)
- la non conformité face aux caractéristiques annoncées (pas de 24V, pas de MKS gen, volume de 30x30x27 au lieu de 30x30x30)
- mauvaise qualité de certaines pièces imprimées livrées dans la e kit (délaminage)
- une documentation parfois incohérente avec les composants livrés (couleurs des fils pour le câblage)
- nécessité de s’équiper d’un fer à souder pour les réparations et d’un multimètre pour un réglage sérieux et le diagnostic des pannes